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300 REGISTRES
Pour doncques gratuler à ceste nouvelle alliance, fut faict à la porle Sainct Denys ung avant portail à la rusticque, presque de semblable ordonnance, façon, mesure et enrichissement quc celuyqui fut faict pour l'entrée du Roy. Surle hault de l'un des costez duquel, esloict une figure representant Pepin, Roy de France, vestu d'un grand manteau royal de veloux pers, couvert de fleurs delis d'or, fourré d'hermines, tenant d'une main une espée nue, de laquelle il restablit la foy Chrestienne, dechassa les Sarrazins et infidelles, et remit le Pape Zacharie en son siege, quoy qu'il fust de petite stature et n'eust que quatre piedz et demy de hault; mais sa magnanimité fut telle qu'il ne trouva rien impossible, pour la conservation et augmentation de la foy Chrestienne, en signe de quoy de l'autre main embrassoit une colonne sur laquelle estoict posée une eglise.
A l'autre costé, esloict une autre figure representant Charles, filz de ce Pepin, depuis surnommé le grand pour les haultz faictz d'armes qu'il feit, tenant aussy une espée nue en une main et de l'autre embrassant pareillement une colonne sur laquelle estoict une aigle, marque de l'Empire, d'aultant que de son temps l'empire d'Orient, fort affoibly, fut transféré en Occident et mis en sa protection; lequel il ne deffendit seullement contre les Sarrazins et infidelles. mais l'augmenta de plusieurs païs et provinces qu'il subjugua et conquesta sur eulx, lesquelz après il feit convertir à la foy Chrestienne.
Entre ces deux figures, estoient les escuz du Roy etde la Royne, posés sur ung sodé, environnés l'ung de son ordre et thiare impérialle et l'aultre d'une cordelière sortant de dessoubz une couronne royalle; à costez desquelz estoient deux Nymphes, l'une dicte Gallia et l'autre Germania, tenantz au dessus ung grand Chappeau de laurier en signe des grandes victoires que ces deux nations ont obtenues ensemble. Au milieu du hault de ce portraict, estoit une car-locche antique, en laquelle estoient escriptz ces vers :
De LA RELIGION PEPIN FUT DEFENSEUR,
Des PEnes sainctz l'appuy; et son filz Chari.emaignë
REMIST LA MAJESTÉ DE LEMPIRE EN GRANDEUR
Tenant le septbe en main de France et d'Alehaigne. [B]'1'
Et soubz le Roy Pepin, estoient ces vers latins :
Hanc olim sacram me substentante columnam, regni creverunt et opes et gloria francis.
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DU BUREAU [i57i]
Et soubz Charlemaigne :
Hanc quoque me impeiui fractam subeunte columnam, Imperium Stetit et nostra stat stirpe nepotum.
Et pour ce que ceste entrée donna aultant ou plus d'admiration aulx eslrangiers qu'avoit faict celle du Roy, tant pour le grand nombre de jeune noblesse qui s'i trouva davantaige, que pour le redoublement de magnificence qui y fut veu, speciallement en la multiplicité des sumptueulx et riches habitz, dont estoient revestuz les princes, seigneurs, daines et damoiselles; lesquelz, outre le grand pris que ce pouvoit estimer le fin drap d'or et d'argent frizé dont ilz estoient, furent la plus part bordez et entourez de grosses perles orientales et pierres précieuses à double rang, d'inestimable valleur, en sorte que l'on eust pensé ce Royaulme avoir esté cent ans paisible, — furent mis dans les flancs de ce portail deux lableaulx bien à propos pour tel subject, et fort plaisans à regarder.
A l'ung desquelz, estoit ung homme vestuestran-gement, ayant ung visaige robuste et comme demy furieux, lequel marchoit et foulloit de ses pied/, grande quantité de safran fleury et camomille, qui se monslroieutnon seullement résister à ceste foulle, mais encores reverdir et florir davantaige, comme est la nature de ces deux herbes, ainsi que nous voyons estre advenu en la France; la grandeur de laquelle tant s'en fault quelle aict peu diminuer, poulles desastres qui luy son t advenuz, qu'il semble quelle en soit augmentée, suivant l'ancien proverbe qui dict la France plus invincible en adversité qu'en prosperité. Au bas duquel, estoit escript:
Tant plus on foulle aux piedz la fleur
du saffran, plus est fleurissante.
Ainsi de France la grandbur;
Plus on la foulle et plus augmente. [B]
En l'autre, esloict ung grand champ, en l'ung des boutz duquel y avoict ung beau verger rempliz d'arbres, chargez de toutes sortes de fruictz. A l'aultre bout, une quantité de bledz en espy, et vignes blanches et noires, chargées de raizins, el au milieu toutes sorles de fleurs, sur lesquelles estoict une grande femme nue, demy courbée, ayant le visaige beau el gratieux et plusieurs maminelles à l'entour d'elle, d'où sortoit laid en abondance, signifliant l'abondance incompréhensible de toutes sortes de fruictz, que la France produict.
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(l) B, c'est-à-dire Bouquet. Voir ci-dessus la note 2 de la page 265.
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